Bon, là, j’ai quelque chose de bien à te proposer, lecteur curieux. En effet, maintenant que je fréquente les salons (du livre), je fais des rencontres et je m’efforce de me tenir à l’affût des romans qui entourent le mien dans l’univers livresque québécois et c’est justement là que j’ai trouvé La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie. Déjà, au Salon du livre de Québec, elle était en rupture de stock…
« Ça me dit quelque chose… », te dis-tu, et ce sera normal: Sieur Foglia en a dit beaucoup de bien et les limiers de Renaud-Bray en ont fait un Coup de Coeur. Bref, le livre est dans l’actualité. (La réimpression est complétée, ne t’inquiète de rien.)
La petite et le vieux mérite-t-il toute cette attention? OUI.Que trouve-t-on dans La petite et le vieux? On trouve un superbe creuset qui permet à Marie-Renée Lavoie de parler d’une foule de choses dures (et intéressantes) dans un emballage original et bien ficelé. Pour moi, La petite et le vieux traite surtout du besoin de rêver, ce besoin si pressant qu’il résiste et résiste encore, malgré des siècles de désillusion, des tonnes de béton urbain et la multitude grouillantes des malheurs possibles. (Peut-être aussi à cause de tout ça…) Le personnage principal, Hélène, est une petite fille qui se fait appeler Joe, comme un gars, qui se vieillit d’un bon deux ans et qui se souhaite une vie héroïque à l’image de son modèle, Lady Oscar. Elle se lie d’amitié avec Roger, un vieil homme qui emménage dans le même immeuble que sa famille. Elle habite Limoilou, à Québec, dans ces années 80, pleines de bières, d’Expos, de bicycles, de dépanneurs, de cigarettes et de journaux à passer. (Moi, j’y étais aussi quelque part. Toi?)
Des rêves, on en déniche un peu partout dans le livre: un destin de héros pour Joe, un désir de partir pour sa sœur Jeanne, des talons-hauts pour la petite sœur, le bonheur pour papa, des moyens pour que la famille ne soupe plus aux céréales sèches… Des choses dures aussi parsèment le roman: un itinérant fauché par un camion, une tentative de viol, des dents arrachées faute d’argent pour l’orthodontie, un père de famille qui vomit avant d’aller travailler, la boisson qui permet d’oublier, la recherche de la dignité chez les désinstitutionnalisés de St-Michel-Archange, un vieux bonhomme qui a honte de lui-même et qui se cache de ses enfants devenus adultes, l’analphabétisme. Entre autres.
« On pleure dans ces pages-là? », t’entends-je dire. Pas vraiment. On s’amuse même souvent. On y vit très fort, en tous cas.
J’aime la façon qu’a Marie-Renée de faire la narration à travers le personnage de cette petite fille, sans toutefois la limiter à cette petite fille, justement. Au moment de l’écriture, la narratrice a grandit, c’est évident. Elle a déjà du recul face aux événements du récit, elle ne dit pas où elle est rendu, mais on devine qu’elle est rendue quelque part. Nous avons donc le regard d’une femme dans les yeux d’une petite fille. Pour moi, la proposition fonctionne et apporte une dimension fraîche au roman. (D’autres l’ont fait avant Marie-Renée, quoique rarement avec autant de maitrise.)
Ce regard fille/femme se pose sur tout ce qui compose le tissu de la vie. En amoncèlement, les scènes que nous offre ce petit monde à Limoilou pourraient ne constituer qu’un immense tas de fumier. On y verrait alors tout simplement une galerie de personnages plus où moins dépossédés qui se débattent dans un monde glauque et marqué par la petitesse des choses. Ce serait comme ça si quelqu’un d’autre que Marie-René Lavoie l’avait écrit. Avec elle, impossible de ne pas voir poindre la fleur qui va pousser sur ce tas… Comme la Révolution française sur la merde des États généraux (avec Lady Oscar en contrepoint).
La petite et le vieux vaut la peine que tu t’y attardes un peu, ami lecteur. Bonne lecture.
VV
PS : J’oubliais une autre merci, Marie-Renée. Merci pour les résumés d’épisodes de la série Lady Oscar à Canal Famille. J’avais oublié à quel point je l’avais aimé. (Le petit gars en moi se rappelle aussi d’une image qui t’a peut-être moins marquée : Oscar nue dans les ronces… J’en suis encore tout chose!)
PPS: Je ne suis pas le seul à en parler. La Presse.
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Bonjour .
La Petite et le Vieux capte l’attention par certaines révélations . Les événements de la vie glissent et patinent avec douceur , respect et tendresse dans des termes bien choisis.
Livre de rêverie pour tout les lecteurs.
Bravo à l’auteure ,ma fille , Marie-Renée Lavoie
Evelyn Sheedy , la maman CÉ -TOUTE
Je suis honoré que la maman CÉ-TOUTE passe par la verve! N’hésitez pas à repasser, Vic n’est pas sorteux.
VV