Vic a beaucoup aimé ce roman que Geneviève Pettersen lui a aimablement dédicacé au Salon du livre du Saguenay. Elle y a inscrit de son écriture souple qu’il s’agissait d’une histoire de « petite crisse ». Je m’y suis frotté et j’en suis ressorti avec un grand sourire niaiseux et le goût de continuer à me plonger dans cet univers familier et pourtant si éloigné de moi.
Geneviève m’a permis de retourner à ma propre adolescence. (Je corresponds aux personnages les plus âgés de son roman, quelques années de plus que la narratrice – elle-même une des petites crisses annoncées dans la dédicace.) Je ne pensais pas que cette version inachevée de moi-même était encore aussi vive avant de lire son livre. Pendant longtemps, je l’avais remisée dans une boîte au fond de mon esprit, en état de latence. Mais La déesse des mouches à feu l’a fait ressurgir avec un délice surprenant. Je t’invite à lire, toi aussi. Passe pas à côté, c’est chez Le Quartanier. Je t’explique pourquoi.
Le sens du vrai—Nous sommes au Saguenay, en 1995. L’époque est claire, lumineuse, sous son ombre à paupière, juchée sur ses Doc Martens, au pied d’une affiche de Pulp Fiction. Nous sommes dans un monde d’adolescentes et d’adolescents. On l’entend dans les paroles et dans les réflexions de la narratrice. J’avais presqu’oublié cette façon de parler, ces expressions vides et pourtant si pleines, quand on les crachait, il y a vingt ans. Catherine, intelligente, rebelle, curieuse, effrontée, éraflée au sang, nous confie ses états d’âme à coup de sacres et de paroles crues. J’ai adoré. J’y étais, moi aussi.
Le drame au coeur du quotidien—Ce roman superpose les scènes dures et marquantes, souvent en lien avec la famille de Catherine, et les préoccupations futiles d’une jeune fille qui se perds en chemin vers la femme qu’elle pourrait devenir. Pour qu’un gars comme moi, assis dans son salon entre les devoirs de ses flots et une ampoule à changer, ressente violemment le besoin de plaire et de se prouver aux autres qui domine la protagoniste, il faut que l’auteure ait trouvé le moyen de me vendre son affaire. J’ai acheté.
Dans le roman, Catherine parle de ces filles, à l’école, que tout le monde remarque. Celles qui, comme des mouches à feu, attirent tous les regards. Les « hots », qui exerçaient un droit de vie ou de mort sur les autres devant les cases, entre les cours. Je me suis enfargé dans leur détresse brute, leurs émotions à vif, dans leur capacité un peu effrayante à séduire et à prendre des risques qui m’ont rappelé ceux que j’ai moi-même pris.
Je me souviens très bien des mouches à feu qui voletaient dans mon adolescence à moi et que je rêvais de capturer pour les contempler dans un bocal que j’aurais glissé sous mes draps. Je ne m’étais jamais attardé aux tourments intérieurs qui les ont probablement secoué pendant qu’elles apprenaient à maîtriser leur pouvoir fascinant. Franchement, je m’en câlissais tant que je pouvais les observer et espérer.
Ciao,
VV