Je te propose un nouveau jeu, lecteur de mon coeur. J’ai feuilleté mes anciennes versions de L’adc pour me rendre compte que certaines scènes offraient de beaux exemples d’évolution. Je t’en donne une aujourd’hui. Comme ça. Pour le plaisir.
Version de décembre 2008
Pontiac Sunbird, rue Van Horne, le jeudi 20 septembre 2001, 17 h 44
La journée est terminée. Rien d’utile encore aujourd’hui. Mon grand accomplissement est d’avoir réussi à faire accepter « Boîtes à Zizique » à Gaétan comme titre de l’expo. Je me sens étrangement déconnecté de La Troupe : c’est la version professionnelle de ma « coquerellite ». Je ne me surprends à sourire que lorsque je songe à mon aventure avec Arielle. En plus, Annie hante maintenant les corridors du bureau. Je l’ai entendue au Centre de documentation et j’ai trouvé de ses cheveux tricolores sur mon manteau. Comme ils n’ont pas retrouvé son corps (pas encore), la famille d’Annie n’a pas organisé de cérémonie. C’est probablement pour ça qu’elle se promène dans ma tête quelques fois.
Retour dans le trafic. Depuis que je n’emprunte plus les grandes artères, c’est beaucoup plus supportable. Cette fois, pas de radio-parole, je veux de la zizique. J’ai syntonisé un de ces postes anglophones de la métropole qui joue du top 40. Je ne veux penser à rien. Va te faire voir Ousama Ben Laden, j’ai un rendez-vous doux avec une jolie femme-poisson ce soir.
Grand mal m’en prends. Je tombe sur All Star, une pièce de Smash Mouth qui vient d’être intégrée à la trame sonore de Shrek (succès d’animation de Pixar qui ressemble à un monumental pied de nez à Disney). Les paroles de ces chansons-là ne sont pas faites pour être écoutées, il suffit de les répéter machinalement du bout des lèvres sur une piste de danse. Mais moi, comme de raison, il faut que j’y prête attention.
“Somebody once asked could I spare some change for gas
I need to get myself away from this place
I said yep what a concept
I could use a little fuel myself
And we could all use a little change”
Merde. Je commence à comprendre les gens en peine d’amour qui disent que toutes les chansons parlent de leur histoire. Même les inepties des groupes à la mode me renvoient à mes pensées sombres. Visualisation : Arielle, ce soir, le Helsinki, quelques verres, des plaisanteries, du bon temps. Il ne faut pas demander davantage.
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Version envoyée à l’éditeur en novembre 2009
Pontiac Sunbird, rue Van Horne, le jeudi 20 septembre 2001, 17 h 44
La journée est terminée. Rien d’utile encore aujourd’hui. Mon grand accomplissement est d’avoir réussi à faire accepter « Boîtes à Zizique » à Réginald comme titre de l’expo. Lire la suite