Carolyne Dionne (ou Marie-Jeanne Guillaume, ou Billy Joe MacAllister)

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Bobbie Gentry

Je suis en vacances et je digresse. Solide.

J’écris un peu mon polar, j’y réfléchis, surtout. Je mets les dernières touches à L’Empire Bleu Sang, je me perds dans mes idées. En voici un exemple parfait: j’ai écouté des tounes sur Youtube et j’ai été fasciné par l’adaptation des paroles de la chanson Ode to Billy Joe (de Bobbie Gentry) par Joe Dassin —  Marie-Jeanne, en français. (Les liens mènent sur Youtube, vas voir.) Tu comprends, hein, que je suis en vacances?

Joe part d’un texte très fort, marqué par le Sud des États-Unis, avec son slang et ses blackeyed peas, pour le transposer en France, dans la campagne qui borde la Garonne, avec son gratin et son vin. On y parle d’un suicide (celui de Billy Joe ou celui de Marie-Jeanne) à l’occasion d’un repas du midi. C’est direct et très évocateur. En anglais comme en français.

J’ai eu envie de voir ce que ça donnerait si, à mon tour, j’adaptais le texte dans un parlé québécois, avec les références que ça suppose. On se retrouve sur les berges de la Yamaska, avec des marinades, de la bière et le suicide de Carolyne Dionne.

Tiens, voici un extrait de mon texte:

C’était le trois de juin, on suait à grosses goutes depuis le matin.
Je sarclais le jardin et mon frère, lui, il s’occupait du foin.
À l’heure du dîner, il m’a dit qu’il fallait aller manger.
Et maman a crié de la cuisine : « Vous êtes-vous décrottés ? »
Puis elle nous dit qu’elle avait des nouvelles du bas de Saint-Nicolas.
Ce matin Carolyne Dionne s’est jetée du pont d’la Yamaska.

Et si tu veux lire la chose en entier: Ode à Carolyne Dionne (pour le fun).

Si quelqu’un a envie de la faire en vidéo, ce serait le bout d’la marde.

Bon. Salut.

VV

Du Coca-Cola littéraire… en 50 tons de gris

J’ai fait trempette en Grèce cet été parce que je me suis marié. La Grèce, c’est romantique. Surtout les îles. Et c’est plein de gens en vacances. En vacances, le lecteur occasionnel s’adonne à son plaisir – un peu comme le fumeur occasionnel, un samedi soir dans un party avec des potes. Et comme le fumeur occasionnel, on dirait que l’objet qu’il choisit pour assouvir son besoin a finalement peu d’importance. « Tu veux une poffe? » — « Ouais, merci. » Tu remarques que le fumeur ne demande pas la sorte de cigarette qu’on va lui offrir. Et c’est compéhensible parce qu’on la lui donne. S’il achetait, il se demanderait quelle marque choisir. Il se rappelerait la dernière clope à son goût et rependrait du même poison. Il ne dirait pas: « Hé! Toi, derrière le comptoir, dis-moi donc quelles cigarettes se vendent le plus ces temps-ci? » — « Les Player’s marchent pas mal fort. » — « J’vais en prendre un paquet. » — « King Size? » Ce serait nul. Pourtant, ça doit être ce qui se produit dans les grandes surfaces où se vendent les montagnes de livres. Les plages du monde entier reçoivent la visite d’innombrables copies du même titre. Pas deux… un seul titre, souvent en anglais, mais aussi parfois traduit, entre les mains des vacanciers globe-trotters.

Cette année, c’était  Fifty Shades of Grey (Wiki…) a 2011 erotic novel by British author E. L. James. Set largely in Seattle, it is the first instalment in a trilogy that traces the deepening relationship between a college graduate, Anastasia Steele, and a young business magnate, Christian Grey. It is notable for its explicitly erotic scenes featuring elements of sexual practices involving bondage/discipline, dominance/submission, sadism/masochism. On a eu les Dan Brown et The Secret…maintenant c’est du soft-core à saveur Harlequin remballé. Ces livres-là sont à la littérature ce que le Coca-Cola est à la boisson gazeuse. On appelle ça de la domination.

Vic est-il jaloux? Oui. Je voudrais bien des ventes de ces dominateurs communs, pas toi? Mais surtout, le phénomème me fascine. Il doit y en avoir eu des épisodes de pushing, intentionnels ou non. « Je pars en vacances, vous n’auriez pas un bon roman à me suggérer? » — « Ben oui, il y a Fifty Shades of Grey, qui se vend très très bien. Juste aujourd’hui, j’en ai vendu une bonne dizaine et il n’est pas midi. D’après moi, si vous ne voulez pas avoir l’air rejet avec un livre différent sur la plage, je pense que c’est le livre qu’il vous faut. » — « C’est sûr que j’aurais l’air niaiseux si mon livre était différent de celui des autres… Fifty Plates of Djay, vou dîtes? L’avez-vous en français? Les traductions, moi, vous savez… » — « Ha! Si c’est du français que vous voulez, il me reste quelques Amélie Nothomb. Mais je vous conseille de trouver une plage francophone… »

Du Coca-Cola pour tout le monde! N’empêche qu’un bon Coke, ça reste un bon Coke. Et c’est toujours disponible… pas besoin de se forcer.

Voilà. J’ai ma réponse: la paresse. Pourquoi chercher plus loin que Fifty Plates of Djay après tout?

(Moi-même, j’ai lu Hunger Games dans l’avion, entre Athènes et Montréal. Avec un Coke. Ben oui, je sais.)

VV