Le processus d’édition de L’adc: Partie 2

Le jeu en valait tellement la chandelle que j’ai assemblé une espèce de comité de lecture pour travailler au corps les axes de narration, les personnages, les relations et tutti quanti. Je me rappelle que j’ai aimé ça beaucoup. J’ai souvenir encore d’une superbe séance de travail qui m’a donné le goût de PU-BLI-ER, question de donner une vraie maison à mon histoire.

Donc, en mars 2009, j’ai rassemblé mon courage… et j’ai fait imprimer mes quelques 260 pages de Times New Roman à interligne 1,5 une autre fois pour être sûr de ma shot. Ensuite – après une nouvelle série de corrections – j’ai googlé les adresses des éditeurs québécois et j’ai posté/livré mes manuscrits, une bonne dizaine.

Parenthèse. Ça coûte cher, quand même. Pense à 25 $ de la copie, plus l’enveloppe, plus le gars qui le charrie jusqu’à la bonne porte et tu vois que j’en ai mis pour 300 $ juste pour cette série-là.

Sans réponse en juin, j’ai décidé de remettre ça pour une autre série.

Attente. Attente. Comprendre que ça va prendre du temps. Ils en reçoivent tous des centaines de manuscrits, nos copains les éditeurs. Ils lisent. J’attends. Attente. Je me dis que je vais tout publier online et qu’ils pourront bien m’oublier, les $?%**/ »< d’éditeurs! Attente.

Je me suis rendu compte qu’il y a, dans le fait de soumettre un livre à des éditeurs, quelque chose qui se rapproche de la loterie. Combien de bons bougres espèrent encore leur tour après une demi-douzaine de processus comme celui par lequel je suis passé? Trop. Après plus de six mois, je me voyais grossir leurs rangs.

Et puis, le 10 septembre, pendant un meeting au bureau, mon cellulaire sonne et les Éditions XYZ m’annoncent qu’ils voudraient jouer à la sage-femme avec Vic Verdier.

WOW! Je répète: WOW.

VV

Vic se prend pour San-Antonio

Premier roman de San-A que j'ai lu

Je suis Vic Verdier.

Facile à dire. Moins facile à réaliser. C’est qui Vic Verdier, d’abord ?

Pour moi, écrire voulait dire me faire du fun. En premier lieu. Le plaisir d’inventer des histoires, c’est aussi celui de s’inventer soi-même, inévitablement. Ce sont de gros mensonges agréables à se raconter. Et puis, quand Vic est né, je venais juste de lire Quelqu’un d’autre de Benaquista…

Si le roman est un reflet de la vie, l’auteur m’apparaît comme un reflet de lui-même. (Je ne suis pas sûr qu’il existe un romancier qui écrive comme il est. Le conteur EST un personnage. Tu connais Fred Pellerin ? Sinon, cours le découvrir.)

Tant qu’à jouer avec des effets de miroirs, j’ai eu envie de déborder les pages. Je me suis fait penser au grand San Antonio. (En plus petit.) Ce phénomène m’a toujours fasciné : un commissaire de police déjanté et un auteur de polars qui se rejoignent à travers un vocabulaire original et des thèmes partagés. Qui est qui ? Qui parle ? On s’en fout, du moment qu’on a du plaisir à lire.

(Pour ton info, le vrai nom de San Antonio est Frédéric Dard. Il a écrit 190+ aventures du célèbre commissaire et de son pote Béru…)

Le Fred en question

Ce flou artistique, pour moi, représente un monde de potentiels. Avec un peu de chance, ça va me permettre de nourrir mon écriture, de me promener entre la réalité et la fiction, tout en fournissant aux journalistes une bonne question à poser… (Je prépare ma réponse.)

Je souhaite marquer quelques différences entre Vic Verdier (p), le personnage et Vic Verdier (a), l’auteur.

  • Vic Verdier (a) est plus grand que Vic Verdier (p) – plus gros aussi.
  • Vic Verdier (a) n’a pas de problème de calvitie et porte la barbe.
  • Vic Verdier (a) ne sait pas jouer du piano (j’ai une histoire à conter là-dessus – j’y reviens une autre fois).
  • Vic Verdier (a) a une femme et des enfants, Vic Verdier (p), pas encore.
  • Vic Verdier (p) est plus vieux que Vic Verdier (a) : 12 jours.
  • Vic Verdier (a) est un joueur de ligne offensive.
  • Vic Verdier (a) essaie souvent de faire changer la couleur de ses yeux, en vain.
  • Vic Verdier (a) et Vic Verdier (p) viennent tous deux de Québec.
  • Vic Verdier (a) et Vic Verdier (p) sont passés par les universités Laval et McGill (pas dans les mêmes programmes).
  • Vic Verdier (a) aime plus le vin que Vic Verdier (p).
  • Vic Verdier (p) écrit mal.

VV

Sais-tu de quoi je parle ? (Et est-ce important ?)

Ludwig van Chose

Metallica, Ervin Goffman, Passe-Partout, U2, Ludwig van Beethoven, Arvo Part, Bill Withers, Lord of the Rings, The Beatles, la période Directoire, Gravilo Princip, Aznavour, Ferré, American Hi-Fi, The Matrix, Andrew Boyd Wagon, Jean-Baptiste Poquelin… est-ce trop?

Ils sont tous quelque part dans L’appartement du clown.

Ma tête est pleine de références culturelles. Pleine à en déborder sur les pages de L’adc (ça fait chic en abrève, hein?). Mes idées se placent comme ça, autour de musique, de livres, de films, de lieux, d’événements historiques… je n’y peux rien.

Alors, est-ce trop ? Je me suis posé la question et j’ai répondu comme mon personnage: pourquoi pas. 

Le gars qui a provoqué le Grande Guerre

Pendant un certain temps, mon livre était rempli de notes de bas de page. C’était pour te donner un coup de main, ami lecteur. Je parlais de Goffman, de la botte de Nevers, de Rudolph Giulianni, etc. Certains de mes proof-lecteurs me disaient d’en ajouter, d’autres, d’en supprimer. Alors, ne sachant que faire, je me suis projeté en toi. Oui, oui, en toi.

Je t’ai trouvé compliqué. Comment savoir ce que tu sais ? Qui est mon lecteur médian ? Pas capable de décider. Alors, je t’ai rêvé, oui, rêvé, lecteur onirique. J’écris pour des gens curieux qui voudront découvrir mes référents par eux-mêmes. Mon étalon de mesure n’est pas l’idée que je me fais de tes connaissances générales, mais l’entrave à la lecture. Si une référence n’empêche pas le lecteur de suivre le fil, je me donne le droit de la garder.

Mon roman est un reflet de l’univers d’un gars qui avait 25 ans en 2001, blanc, francophone, scolarisé, montréalais, hédoniste et j’en passe. Tu peux comprendre ça.

Et les autres ? Il faut penser à tous ces pauvres hères qui ne partagent pas la culture de Vic Verdier. Je think big.

Hé, bien, ça ne change rien. Je déclare que L’adc est international parce qu’il est enraciné quelque part. Mes futurs lecteurs du Burkina Faso le comprendront comme ils ont compris Tremblay, Eco, Steinbeck et Larsson.

VV

L'arbre de Josué

Ce que Vic écrit présentement

Là, là, L’appartement du clown est en montage/révision. Est-ce que ça veut dire que j’ai cessé d’écrire?

Nein. Niet. Pantoute.

Je suis encore pris dans le trafic, donc, j’écris.

Quoi? Tu veux savoir? Trois patentes.

  1. En Verve avec Vic Verdier – ça occupe, ces petites choses virtuelles-là.
  2. Je me « rince » avec un roman dans un registre complètement différent des aventures de Vic Verdier. J’ai en chantier un texte à cheval entre la science-fiction et la fantasy. Une histoire violente et surnaturelle qui se déroule dans un monde parallèle au 19e siècle et où la ville de Québec serait une cité-état qui dominerait le monde occidental. Je pense même à jouer avec un peu de satanisme… (Je ne blague pas, j’écris vraiment un truc de ce genre-là. On verra ce que ça donne.)
  3. Je suis déjà dans la suite de L’appartement du clown. J’appelle ça L’appartement du dessus, pour le moment. (En fait, depuis hier – le 16 février 2010 – j’appelle ça Le Moderne Cabaret.) Les thèmes sont pas mal identifiés, mais je vais peut-être avoir besoin d’aide pour aligner mes envies littéraires. On va s’en reparler sous peu.

VV