Revisiter L’appartement du clown: une histoire qui a mûri

En 2010, il y avait déjà neuf ans que l’époque où se déroule l’action de L’appartement du clown était révolue. Je trouvais ça loin, septembre 2001. Assez loin pour vouloir raconter une histoire légère, avec une foule d’éléments autobiographiques qui commence la veille du fameux 9/11.

Ça s’est soldé par quelque chose qui se rapprochait de la chick-lit… ou, comme on me l’a suggéré récemment, de la dick-lit. (Bref, une histoire de gars, dans la vingtaine, qui font la fête et s’interrogent sur leur vie, l’amour, le cul, ainsi-soit-il. C’est drôle, provocateur, parfois intelligent.)

Les critiques ont aimé le roman, affirmant qu’il était parfait pour une lecture d’été sur la bord de la piscine. Ils n’avaient pas tort. En 2010, mon premier roman goûtait la légèreté, le divertissement et permettait une saucette dans l’ambiance du Mile-End.

Aujourd’hui, L’appartement du clown se présente TRÈS différemment. Surprise!

Un arrêt-sur-image: Montréal au tournant du 21e siècle

J’ai l’intention de republier le roman en 2023. Yeah! J’ai donc relu et actualisé mon récit. J’améliore les dialogues, je resserre, je complète. J’ai beaucoup de plaisir.

Et je me surprends, c’est le cas de le dire.

En 2023, mon clown est devenu un polaroïd aux couleurs d’un moment précis dans notre histoire. Il est vintage, ce roman; il parle du monde qui entre progressivement dans l’époque actuelle. Il brosse un tableau de cette période où le Web se construisait, mais avant la révolution du iPhone, avant les images portables, l’instantané omniprésente des textos. Pense-s-y comme il faut, ça a bouleversé plein de choses… plein de choses.

Les rebondissements de L’appartement du clown demeurent vraiment divertissants – vraiment, vraiment divertissants. Il se produit des affaires complètement folles dans cette aventure. Par contre, c’est le décors de l’histoire, surtout, qui a pris du relief. Il touche presque à la nostalgie. (Je t’offrirais bien une analogie de sommelier, sur le vin qui gagne en complexité avec l’âge, mais ce serait balourd de ma part.)

En lisant mes propres mots, je redécouvre ce monde qui était le mien.

J’ai vécu ce Mile-End, j’ai arpenté ces cafés, j’ai connu des soirées mémorables, je me suis posé les questions que Vic se pose dans le roman; mais ces souvenirs étaient en dormance. J’espère franchement que les nouvelles lectrices et nouveaux lecteurs vont apprécier cette plongée dans l’univers de Bush fils, de la musique lounge, des jeans taille basse.

Je pense que tu vas avoir du fun à lire ça. Stay tuned.

Ciao,

VV

Vic a lu pour toi: Tout écartillées de Marie-Eve Bourassa

Quand commence l’histoire que raconte Marie-Eve Bourassa dans Tout écartillées, Vic a approximativement 60 dodos — ouin, peut-être deux mois d’existence.

On changeait mes couches à St-Augustin-de-Desmaures, à quelque 250 km du Montréal emboucané et à la découverte de lui-même que choisit de faire vivre l’autrice. Parce qu’elle vit, cette métropole qui vient d’offrir les Olympiques de la jeune Nadia Comaneci au monde entier. Elle vit, elle trépigne, elle s’accepte parfois, se rebute aussi, elle ne se comprend pas tout-à-fait. Le Montréal de1976 constitue une toile de fond bigarrée parfaitement assortie à ce roman… ou vice versa. Marie-Eve Bourassa met en scène des personnages qui ont le don de surprendre. Ils m’apparaissent tous en trois dimensions, réels et douloureux, cassés, usés, mais pourtant toujours grouillants et gigotants.

Les Georges, Raoul, Roger, Linda et Jocelyne qui peuplent ce livre auraient pu être mes mononcles, mes matantes. J’ai des photos de gens comme eux dans mes boîtes d’archives familiales.

En 1976, j’étais à peine une petite chose pleurnicharde – mais j’étais. Cette époque, c’est aussi la mienne. Le roman est assez bon pour que j’y croie.

Donc, un bon, voire un très bon, voire un excellent roman. Ça raconte l’enquête d’un détective privé qui peine à reprendre son élan depuis certains événements tragiques autour d’Octobre 70. Georges Kirouac, son nom. Il est coincé entre son alcoolisme, ses cigarettes, sa moto, sa fille Marie-Baby, son ex-partner de la police, le crime organisé et le besoin de plaire à une barmaid qui a tourné dans un film de fesses. Go mon Georges.

J’aime quoi de ce roman?

  • L’intrigue, qui commence toute petite, mais sur les chapeaux de roues, et qui se termine en feu d’artifice. Des rebondissements de qualité, des surprises, des scènes croustillantes dans des bars, dans un peep show, dans le bois… une bonne enquête habillement enchevêtrée, avec des motivations solides.
  • Les “enfants de nanane”, les “fait à l’os”, les “kin toé”, les “tu veux-tu un refill”, les “checke les cabanes” – une langue québécoise qui fesse dans les oreilles, qui chante en franglais, qui donne l’impression de l’entendre pour vrai.
  • Les sandales de Georges sur sa Triumph, Export “A” au bec, qui se sauve d’une cliente trop insistante.
  • Les dialogues. Réalistes. Ça donne le goût d’embarquer dans la conversation.
  • Le jeu de miroirs et de références croisées à la miuze, aux films, aux pubs des années 1970. Appeler des chapitres “Bozo-les-Culottes”, « On est six millions, faut se parler », “L-O-L-A, LOLA” ou “Tous les palmiers…”, ça rehausse la saveur de cette histoire avec du piment qui goûte très bon. Sans farce, c’est bien fait dans le texte aussi. (Et ça me rappelle ma propre incursion dans la pop culture avec L’appartement du clown et Le Moderne Cabaret.)
  • Le choc de la révolution sexuelle et du processus d’émancipation de la femme… une incursion réussie dans la tête des hommes et des femmes qui le vivent, tant bien que mal et chacun.e à sa façon; dans une commune ou en laissant pousser sa bedaine de bière, c’est tout comme.

Pour la petite histoire, la romancière et moi avons échangé nos romans à Montréal, en 2021, pendant la Caravane Littéraire de Guillaume Morrissette (qui reprend du service en mai 2022). Je suis bien heureux de ce détour du hasard.

Marie-Eve, voici la citation que je t’offre, tu peux la répéter partout:

Tout écartillées m’a jeté par terre. C’est un roman policier maîtrisé, mais c’est aussi tellement plus que ça. Je suis devenu le chum de Georges Kirouac, le perdant-mordant qui mène l’enquête, et j’ai fumé quelques clopes avec lui. J’ai eu l’impression d’arpenter les rues sales de Montréal sur sa moto, à la fin d’un été chaud, juste après les Olympiques. Ce livre est un buffet varié, savoureux et un peu salé – comme ceux que j’imagine qu’on servait dans les “bars à totons” en 1976.”

Vic Verdier

Est-ce que je t’ai convaincu? Vas-tu le lire? Tu devrais. Et, tu seras d’accord, ce roman a un criss de bon titre.

Ciao,

VV

Vic a lu pour toi: Les fils d’Adam de David Bédard

David Bédard écrit bien et ça éclaire son récit noir. Il y a un rythme soutenu dans ce thriller. Dès les premiers paragraphes, on sait qu’on va avoir droit à une histoire un peu débile, gore et « in your face ».

La prémisse est simple et cadrée rapidement: une jeune femme déçue, sur le point de partir dans l’Ouest du Canada, accepte le rendez-vous d’une homme plus âgé. Ils sont supposés aller au restaurant – les choses ne se passent pas du tout comme prévu. Elle est retenue prisonnière quelque part au nord de Montréal et découvre la folie des Fils d’Adam.

On aime Les fils d’Adam parce que:

  • On veut se plonger dans une histoire de séquestration qui sort de l’ordinaire;
  • On a envie de rencontrer des personnages décalés, hors de la réalité normale, choisis pour assouvir des pulsions malsaines;
  • On a le goût de plisser les yeux en lisant des scènes dé-gueu-las-ses;
  • On aime essayer de comprendre ce qui se passe vraiment derrière les écrans de fumées qui enveloppent les personnages;
  • On est curieux de rencontrer Marcel et sa grosse bite 😉

Donc, beau travail, David. J’ai eu bien du plaisir dans tes pages.

On en jase bientôt – tu restes tellement pas loin de chez moi… tout près du Manoir terrible qui sert de demeure à tes fils de crottés, en plus.

Ciao.

VV

Vic a lu pour toi: « La bête intégrale » de David Goudreault

David a les cheveux plus longs, ces temps-ci… m’excuse… photo de Radio-Canada

Tu le sais, je ne parle que des livres que j’ai aimés; il y a assez de mauvaises critiques sans que je perde du temps à y ajouter les miennes.

Donc, La bête intégrale de David Goudreault. **** Let’s cut the crap. Ce roman a été primé, il est encensé.

Ma contribution sera donc de t’offrir un TOP 3 des raisons qui font que moi, je l’ai aimé:

  1. Voyage dans la tête d’un personnage fantastique pour recadrer la société dans laquelle nous vivons – ambitieux et réussi
    1. La bête définit sa propre échelle de valeurs, elle ne correspond probablement pas à la tienne, ni à la mienne. Elle est atroce et donne envie de vomir – pourtant, elle est solidement ancrée dans notre monde, elle en est le substrat. Ça ouvre les yeux.
    2. La bête se livre sans filtre. Elle dit des énormités qui ressemblent à des vérités.
  2. Ces mots qui montent en moi comme des mantras ou qui meurent mollement selon les mouvements de mes malaises – la langue de David Goudreault (wow)
    1. David sait s’amuser avec la langue. Il écrit vraiment très bien. Il m’a fait rire fort et souvent. Frissonner, aussi.
    2. David se donne les moyens de faire parler sa bête – elle brise le quatrième mur, s’adresse au lecteur, se positionne elle-même comme narrateur-rappeur. C’est formidable.
  3. Une histoire terrible, pourtant banale, qui nous permet d’entrevoir des univers clos, de l’intérieur
    1. La crasse de la vie « normale » après une enfance avec des ancrages atypiques
    2. La violence de la prison, microcosme de la société, enfer dégradant
    3. La mécanique implacable de l’environnement psychiatrique
    4. La rue, dans son expression crue, mais où on cherche le bonheur, chacun à sa façon

Bref, c’est bon. C’est très bon.

Dans ce livre, on se retrouve à la croisée entre un journal intime et un film d’action. La bête amorce sa vie adulte au début du roman. Déjà, elle est persuadée que ce monde est pourri et que ses règles s’appliquent aux moutons. Pourquoi y chercher autre chose que du contentement à l’échelle de sa personne? Pourtant, comment, par ailleurs, ne pas être forcé d’aller vers l’autre? Vers la mère qui l’a abandonné, vers la femme qui pourrait l’aimer, vers des amis avec qui partager ce qu’on apprécie, vers le public qu’on souhaite toujours impressionner et qui peut rendre riche…

Tout au long des ce texte, la bête veut ce que tu veux, toi-aussi, dans le fond, mais elle le désire selon sa propre construction du monde.

David Goudreault te remet en pleine face que toi aussi, le monde t’apparaît selon la compréhension que tu en as. Est-ce la bonne? Hein? En es-tu fier, de tes valeurs, de tes principes? Est-ce que ça apporte du bon et du savoureux, ton affaire? Pour toi? Pour les autres?

J’ai terminé ma lecture depuis quelques jours et le roman m’habite encore. Il va demeurer auprès de moi, je le sais déjà.

Comme auteur, David me donne envie de jouer davantage avec les mots. D’y porter une attention plus amoureuse. Comme humain, il me questionne. Sa bête me pourchasse et je me demande à quel point je m’en différencie.

J’ai bien peur que la bête existe un peu en-dedans de moi, que je sache le reconnaître ou pas.

Je me rends compte que mes romans posent systématiquement des questions qui ressemblent à celles de David dans sa bête intégrale: les choix qu’on fait quand personne ne regarde, le besoin viscéral de réussir, l’instinct de vengeance, la recherche maladroite de l’intimité, la société qui se transforme quand on en change les paramètres. J’aborde ces thèmes moi aussi; de façons très différentes, voire opposées à l’approche de David – pourtant, ces questions demeurent centrales dans tous mes romans.

Et ça donne des livres for-mi-da-bles. (Merci David.)

VV

L’Empire contre-attaque (pas pu m’en empêcher)

En librairie

Après avoir remporté le Jacques-Brossard 2015, L’Empire bleu sang revient vers toi avec un nouveau visage, un nouveau format et quelques améliorations génétiques.

Je suis bien fier de me joindre à l’écurie ALIRE, qui compte des auteurs que j’admire, dont Jean-Jacques Pelletier, Ariane Gélinas, Richard Ste-Marie, Éric Gauthier, Élisabeth Vonarburg et Patrick Sénécal.

Mon livre est distribué dans les bonnes librairies depuis le 23 septembre.

Découvre ce roman. Tu ne le regretteras pas.

VV

Tu veux un extrait? Ici, Victor Notre-Dame revient à Québec après un exil forcé.

« VICTOR NOTRE-DAME – 2 JUIN 1887 –

Holy[1] tabarnak, il pleut ! Quand je suis parti, il pleuvait aussi. Quatre ans et des poussières plus tard, il pleut encore. Du soleil, c’est trop demander ? Bah ! de toute façon, on s’en contre­crisse. L’orage empêchera le sang de coller à mon linge, c’est un mal pour un bien.

Je m’allume un cigare et souffle la fumée dans le vent du fleuve.

Québec a encore grandi. Quand je l’ai vue la dernière fois, au printemps 1883, le Narval doublait la pointe d’Argentenay de l’île d’Orléans et filait dans le chenal nord vers le cap Tourmente. Il bruinait et je ne regardais que d’un œil ; l’autre était trop enflé.

Le cap Tourmente avec l’hôpital d’aliénés J.-M.-Charcot, c’est encore techniquement Québec – comme le district Lévis et le quartier de la guenille à Neuville –, mais pas vraiment. Pour moi, la vraie Québec arrête avec la ligne du métro Talon. Entre les frontières de ces lignes souterraines s’empilent des millions et des millions d’âmes qui grouillent et se reproduisent dans la puanteur ou la gloire. Parfois les deux.

Je me rappelle que, même dans la brume, Québec m’avait paru majestueuse. Une très grande dame au centre du monde. Les dirigeables-sentinelles la couvaient comme autant d’anges gardiens suspendus au-dessus des nuages de fumée, prêts à faire tomber la mort sur la tête des ennemis de l’Empire. Hodensack[2] du carême ! Il était temps que je parte. J’étais allé trop loin, comme souvent. »


[1] De l’anglais : Saint.

[2] De l’allemand : Scrotum.

Johnny Cash chante mon prochain roman

Johnny Cash -source gnrcentral.com

Je suis en train d’écrire un nouveau roman. Quelque chose pour cet automne.

J’ai la tête en feu. Et il y a de la musique qui me donne l’impression d’avoir été jouée pour accompagner mon écriture.

Ce sera glauque, ce sera criminel, ce sera dur. Ça prend une voix basse, rauque, blues. La trame sonore de mon roman, ce sont les « covers » de chansons rock que Johnny Cash a mis à sa sauce. Tu connais pas?

Entre autres:

  • Hurt” (Nine Inch Nails)
  • “In My Life” (The Beatles)
  • “One” (U2)
  • “Redemption Song” w/Joe Strummer (Bob Marley)
  • “I Won’t Back Down” (Tom Petty & The Heartbreakers)
  • “Rusty Cage” (Soundgarden)
  • “Bridge Over Troubled Water” (Simon & Garfunkel)

Vas les voir ici.

Ciao

VV

Jack se montre la face!

Jack et le haricot magique – Conte interdit est en librairie partout au Québec. À toi de choisir ton libraire préféré.

Mes lecteurs et lectrices fantastiques ont été assez généreux et généreuses pour partager avec moi des photos de leur copie nouvellement acquise de mon Jack. Jettes-y un coup d’œil et abonne-toi donc à ma page d’auteur sur Facebook.

(Évidemment, la version numérique, elle, est toujours disponible. N’importe quand, n’importe où.)