
Le sort...
Tel que tu t’y attendais, lecteur fidèle, Vic a terminé la révision de son manuscrit dans les temps. Aujourd’hui, je l’ai vu pour la dernière fois. Bye bye et bon voyage.
Le mise-en-pageur – appelons le Monsieur R. pour la forme – va entrer les corrections, l’éditeur va valider les changements apportés, on va ajuster quelques trucs (je sais pas encore lesquels, mais j’imagine qu’ils auront des trucs à ajuster…), on va mettre une couverture canon sur l’ouvrage et, bling!, on accouche des aventures de Vic Verdier dans L’appartement du clown. (Halleluja!)
On peut donc dire: le sort en est jeté ou, en version originale prononcé à l’anglaise: Aléia djacta east. J’ai la chienne un peu.
Pourquoi donc, Vic? Qu’est-ce qui te trouble ainsi, toi le romancier d’acier au pseudo inspiré? N’es-tu pas fier de toi?
Oui. Oui-oui. Ben oui, mais…
Mais quoi? Quoi?
Ben, j’ai été victime du syndrome du texte poche.
Hein?
Quand je me suis lu en version mise en page, avec les corrections, et tout, j’ai pensé que j’avais écrit des inepties. « Yiish! ça coule mal… »; « C’est mauvais ça, mal écrit… »; « Non, non, non, c’est pas publiable! On va me prendre pour un cave! »; « Cri– Vic, t’es ben épais de vouloir que du vrai monde lise ça… »
Mheu!?
Ben oui, il me semble que je n’avais plus de plaisir à me relire.
Qu’as-tu fait pour te sortir de ce marasme?
Rien. Rien pantoute; j’ai laissé le texte dormir un peu, et moi aussi du même coup. Juste avant de repasser à travers les corrections une dernière fois, j’ai relu des bribes de chapitre au hasard. Et c’était moins pire. Pas mal moins pire.
Reste que maintenant, le sort en est fookin’ jeté. On ne recule plus. On avance, comme Mao à travers la Chine. Comme Jules devant le Rubicon. Comme le gars qui n’a plus de freins dans une côte.
Un sage ami à moi, et qui a déjà vu ses mots imprimés, m’a partagé les paroles d’un autre grand homme encore plus sage qui lui disait, et je cite approximativement: « La plus grande qualité de ton livre est qu’il est publié. C’est fait, c’est fait. Passe à autre chose. »
Je n’y suis pas encore tout à fait, mais, comme je n’ai plus de freins, qu’est-ce qui pourrait bien m’empêcher de vérifier la sagesse de ces sages paroles?
(Yé!)
VV